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GRAND FRONT CENTRE DROIT
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MESSAGE DE MORISSEAU LAZARRE A LA TROISIEME ASSEMBLEE GENERALE DU GFCD

 
 

Mesdames, Messieurs les leaders et Représentants des 
Partis, plates-formes et regroupements de partis politiques, 
Monsieur le Président du CHISS de New York, 
Mesdames, Messieurs les membres de la presse 
Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs. 
 
En ma qualité de Coordonnateur Général du Grand Front Centre Droit, c’est pour moi un honneur et un immense privilège d’accueillir dans cette enceinte tant d’éminentes personnalités venues de tous les horizons politiques, économiques, sociaux, administratifs, culturels, religieux, etc. Je les salue tous avec émotion et leur exprime la profonde gratitude du parti.  
 
Quand on se souvient des luttes héroïques livrées par cette ville historiques de Petit-Goave, on ne peut que se réjouir de ces retrouvailles des combattants d’hier et d’aujourd’hui au carrefour des mêmes inquiétudes. Qui d’entre nous ne sait l’opiniâtreté avec laquelle le MDN / GFCD et la population de Petit-Goave se sont employés à dénoncer les inégalités sociales et à préconiser l’encadrement et le développement des sections communales. Si nous avons choisi de nous réunir ici aujourd’hui à la veille de l’année 2010, c’est parce que notre rôle ne peut être confié à personne d’autre. Notre rôle ne peut être exercé que par nous-mêmes pour que les hommes et les femmes de notre pays deviennent maîtres de leur propre destin. C’est pour nous rapprocher davantage des objectifs et de la stratégie de NOTRE PROJET DE SOCIETE POUR HAITI que nous soumettons à votre réflexion les exigences du moment. Pour rester dans les limites de temps imparties, nous en évoquons neuf ( 9 ) parmi celles jugées fondamentales : 
 
1. Une vision d’ensemble du changement ; 
 
2. La relance et l’actualisation du grand projet démocratique du 7 février 1986 ; 
 
3. La refondation institutionnelle de l’Etat ; 
 
4. L’affirmation de l’identité et de la souveraineté nationales ; 
 
5. L’organisation d’un dialogue inter-haitien pour un pacte national de développement ; 
 
6. Une révolution énergétique par le soleil, le vent, l’eau, le lignite, le pétrole pour le sauvetage de l’environnement ; 
 
7. Une politique de population à travers les Unités Tactiques de Développement dans les 565 sections communales du pays ; 
 
8. Un leadership collectif intégrant des représentants de la société civile, de la diaspora, de la jeunesse, des duvaliéristes, des lavalassiens, des formations  
 
Politiques de gauche, de droite et du centre ; 
 
 
9 La mobilisation générale 
 
 
1 Une vision d’ensemble du changement 
 
Aujourd’hui comme hier la société haïtienne s’impose à nous comme un système global de relations économiques, politiques, sociales, juridiques, culturelles où le changement suit le rythme et la vitesse du système de valeurs, de normes et de symboles. Le changement économique est perçu généralement comme un besoin exclusif d’investissements dans la construction des infrastructures routières et énergétiques, dans la mise en place des bases agro-industrielles et touristiques, dans l’éducation, la santé, le logement, etc. Des capitaux sont certes indispensables à la croissance de ces secteurs. Mais avec les ressources locales et les fonds internationaux mis à la disposition des gouvernements, ces secteurs auraient pu offrir aujourd’hui un visage beaucoup plus attrayant. La société haïtienne n’a pas réussi son décollage économique parce qu’elle l’attend de l’étranger, parce que ses institutions, sa mentalité, son système de valeurs, son enveloppe normative et son appareil symbolique sont bloqués et imperméables au changement. Dans notre culture magico religieuse inélastique, le fardeau démographique, la médiocrité arrogante, les égoïsmes pathologiques, l’irresponsabilité, le bluff, l’indiscipline, la méfiance réciproque, le fatalisme, la corruption, les alliances sataniques s’opposent au déploiement des règles de conduite démocratiques. Le progrès et le développement ne sont possibles que s’il y a une volonté politique armée d’une mobilisation idéologique vers le changement.  
 
Aujourd’hui en Haïti la majorité de la population a pris conscience de ses erreurs, de sa misère, de sa pauvreté, de la désintégration de sa société et du chaos régnant. Elle est fatiguée et révoltée. Ce qui manque aujourd’hui c’est un leadership collectif mu par un esprit d’équipe capable de justifier la confiance du plus grand nombre, de canaliser ses émotions et ses aspirations vers un mieux être. Le changement est aujourd’hui possible parce que Haïti est à la phase finale de son karma collectif, parce que le temps est accompli. 
 
2. La relance et l’actualisation du grand projet démocratique du 7 février 1986.  
 
Nous avions, dès 1981, initié l’esprit du 7 février 1986 par un projet de société démocratique axé sur la foi en Dieu, la suppression de la présidence à vie, l’organisation des élections générales au suffrage universel direct, la création d’un Etat de droit, la non violence, la promotion socioéconomique du plus grand nombre, la décentralisation et la déconcentration par l’implantation des Unités Tactiques de Développement ( Villages UTD ) dans les 565 sections communales du pays. Ce projet confisqué, hypothéqué et avili a reculé face à l’anarcho-populisme. Haïti a échoué. Des lambeaux de ce projet ont survécu dans la Constitution de 1987, dans les discours des hommes politiques. Aussi sommes-nous heureux de rejoindre aujourd’hui l’esprit du CHITA TANDE AYSIEN de la CODECO pour qu’à la lumière des nouvelles données socioéconomiques de la  
 
conjoncture les patriotes de l’intérieur et de la diaspora élaborent un projet de société pour le renouveau national. 
 
3. La refondation institutionnelle de l’Etat 
 
L’Etat traditionnel d’Haïti façonné par deux siècles de dictature présidentialiste s’est effondré. On l’a miné dans ses racines par la « bamboche démocratique » et le  
démantèlement des Forces Armées d’Haïti. Ce qui subsiste aujourd’hui c’est un noyau de parents, d’amis, de copains, de privilégiés, de pillards irresponsables, aux ordres de l’étranger et obsédés par le pouvoir à vie. La normalisation d’un processus démocratique aux proportions haïtiennes appelle un remaniement de la Constitution de 1987, la construction d’un nouvel Etat unitaire, décentralisé, capable de rétablir la souveraineté nationale, de restructurer le système politique, de renforcer les organisations de la société civile. Ce nouvel Etat réformateur, innovateur, garant du fonctionnement normal des institutions, de l’application des normes légales et constitutionnelles doit créer les conditions indispensables aux investissements privés et intégrer pleinement les compatriotes de l’extérieur à la gestion des affaires publiques.  
 
4. L’affirmation de l’identité et de la souveraineté nationales 
 
L’instauration d’un nouvel ordre socioéconomique haïtien passe des voies plurielles complémentaires comme le développement endogène intégré et la conversion des technologies modernes au langage des autochtones. Ceux qui prônent l’occupation étrangère du territoire national n’ont pas encore compris que la colonisation est une étape dépassée de l‘histoire de l‘humanité et que pareille trahison risque les pires reflux du réveil national. La mondialisation des échanges culturels et des technologies impose de nouvelles solidarités entre les peuples et les nations. 
 
Le développement endogène intégré que nous préconisons est la prise en charge par les paysans eux-mêmes de l’organisation des communautés rurales avec l’appui technique et financier de l’Etat. L’individualisation des technologies modernes se réfère à leur utilisation comme des outils de production. La radio, la télévision, l’Internet, le fax doivent servir d’instruments d’éducation et de libération des énergies créatrices. 
 
L’expérience a démontré que, dans leur grande majorité, les Haïtiens vivant depuis 20 à 30 ans aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs sont restés foncièrement Haïtiens malgré leur double nationalité. Ils ont conservé leur personnalité de base dans leurs manières de penser, de sentir et d’agir au point d’espérer diriger leur pays. Cette vivante réalité impose à l’Etat l’obligation d’adopter une politique culturelle tournée vers la promotion des valeurs nationales. Notre histoire, notre folklore, nos chants, nos danses, nos sites historiques sont la garantie de notre authenticité, contre les risques de déracinement, de dénivellement, de colonialisme culturel. C’est la voie par laquelle nous pourrons participer à égalité de droit et de dignité à la coopération internationale. 
 
 
5. Une révolution énergétique 
 
Le drame énergétique d’Haïti est le plus alarmant de tout le continent américain. La déforestation sauvage et les effets dévastateurs des cyclones posent l’équation énergétique en termes de survie. Près de 40.000 tonnes métriques de terre sont drainées annuellement vers la mer. Sur les 27.750 km2 du territoire national, il ne reste plus que 1.5e forets et un amoncellement de montagnes rocheuses, désertiques. Il faut dans l’immédiat adopter des mesures pour réduire la coupe des arbres, le consommation de charbon de bois en produisant de l’électricité à partir des énergies : solaire, éolienne, hydraulique, à partir du pétrole, des déchets animaux et végétaux. . 
 
Il existe un Plan National de Développement du Secteur l’Energie ( PNDSE ) élaboré par plusieurs Ministères pour la période 2007-2017. Il faut l’arracher à son sommeil, passer à l‘exploitation des réserves de lignite de Maissade, de Camp Perrin, installer des équipements solaires pour électrifier les villages, généraliser l’utilisation des réchauds solaires pour la cuisson des aliments. Parallèlement à l’exploitation des ressources ligneuses et solaires, doivent être entreprises la préparation d’un atlas des vents pour l’érection des centrales éoliennes, une carte du potentiel hydraulique, une campagne de reboisement des zones arides avec le jatropha ( gro metsiyen ) pour la production du diesel comme substitut énergétique partiel au pétrole.  
 
6. L’organisation d’un dialogue inter-haitien 
 
A l’heure du Village Planétaire en gestation, les Haïtiens sont perçus comme un peuple affaibli par le dualisme nèg mone / nèg lavil, le décalage des niveaux de vie, les divisions intestines, les querelles de clans, de chapelles. Héritiers d’une mentalité tribale et coloniale, ils entretiennent une société d’exclusion, refusent d’assumer le sentiment d’appartenance à une communauté nationale. Ils vont jusqu’à exclure une catégorie de citoyens dans la Charte Fondamentale. Etrangers à leur propre pays, les groupes majoritaires n’arrivent pas encore à comprendre, à identifier et à choisir librement l’ordre social qui conditionne leur présent et leur avenir. 
 
Le moment est venu pour les Haïtiens de tous les horizons culturels, de toutes les confessions religieuses de se rencontrer, de s’accepter comme des partenaires responsables, de dialoguer et de conclure une entente patriotique autour d’un pacte de développement national à moyen et à long terme. 
 
7. Une politique de population à travers les Unités Tactiques de Développement dans les 565 sections communales du pays 
 
La croissance démographique d’Haïti (2l’an face à la croissance du PIB (0.6conduit inexorablement à la paupérisation et à la destruction de l’environnement. La population vit à 60ans les zones rurales. L’agriculture y est l’activité dominante. De 1986 à 2009 la contribution du secteur agricole au PIB est passée de 50 à 25Les chômeurs et les indigents du monde rural ont émigré vers les villes en quête d’emploi et de mieux être. Il en est résulté une bidonvilisation sauvage, le phénomène des boat people, des immigrants illégaux. 
 
Pour mieux contrôler les naissances, les décès, les mouvements migratoires, pour contenir l’exode rural et ses conséquences désastreuses, pour régénérer le secteur agricole, un effort d’organisation, d’encadrement social et technique du monde rural s’impose. D’où l’idée de la mise en place des Unités Tactiques de Développement ( Villages UTD ) dans les 565 sections communales du pays 
 
8. Un leadership collectif 
 
Le processus démocratique ne peut s’épanouir pleinement qu’avec le fonctionnement et le leadership des partis politiques. En Haïti les partis politiques naissent et survivent avec la bénédiction financière des gouvernements ou de l’étranger. La faible capacité demobilisation des dizaines de partis de l’opposition et l’absence de projet stratégique n’habilitent aucun d’entre eux à vaincre seul la violence et les fraudes électorales massives par lesquelles s’impose le parti gouvernemental.  
 
Dans la conjoncture actuelle aucun parti politique de l’opposition ne peut seul empêcher le parti Lespwa de semer la pagaille dans les rangs de l‘électorat et d’imposer en 2011 des bandits, des criminels et des kidnappeurs dans tous les compartiments du pouvoir en Haïti. Nos savants, nos intellectuels, nos cadres continueront d’être exclus, persécutés et tenus en échec par la suprématie de la corruption et de la médiocrité. 
 
Pour sauver Haïti de la catastrophe finale, il ne reste plus à l’opposition qu’à former un grand projet national, se regrouper autour d’un candidat unique, mener une vigoureuse campagne d’éducation civique auprès des Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora. Autrement la bataille sociopolitique et économique est perdue d’avance et notre Haïti de demain ne sera plus qu’une banale curiosité dans les musées internationaux. 
 
9. La mobilisation générale 
 
Après deux décennies d’occupations, de contrôle politique et économique étrangers, Haïti est traitée par la communauté internationale d’Entité Chaotique Ingouvernable. Les recherches scientifiques de Daniel et Ginette Mathurin, de Louis Anthony Dauphin se dressent pour nous rappeler nos richesses matérielles et spirituelles et les horizons prometteurs à notre portée.  
 
La réserve technique, intellectuelle et financière de notre pays doit se réveiller. . Nous ne pouvons pas indéfiniment continuer à creuser notre tombe au fond du puits en exportant nos boat people vers les Etats-Unis d’Amérique et la Caraïbe, en imposant nos immigrants illégaux à la République Dominicaine. A court terme la révolution énergétique est à notre portée. A moyen terme nous pouvons organiser notre marché intérieur pour transformer notre économie de subsistance en une économie de production. Durant les 25 prochaines années Haïti devra passer de la société traditionnelle à la société technologique.  
 
Les Haïtiens peuvent encore éloigner les fabricants de misère et créer de la richesse s’ils font le bon choix.  
 
Je vous remercie 
 
Morisseau LAZARRE
 
 

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Modifié en dernier lieu le 12.01.2010
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